Friday, April 11, 2008

 

Battlefield

Seulement un an après leur dernier album naphtaline qui donnait une véritable expérience sonore et visuelle unique, le groupe tourangeaux EZ3kiel nous livre ici son cinquième album. Encore une fois, on peut dire qu'EZ3kiel surprend, étonne et finalement conquiert. Fort de sa réputation maintenant mondiale dans la scène electro-dub, le groupe n'a cessé depuis leur premier album d'évoluer vers un style qui leur est maintenant propre mélangeant morceaux acoustiques calmes et morceaux électriques renversants.

Qui aurait pu croire qu'a la suite de naphtaline, fable féerique et poétiquement mélancolique, le groupe nous livrerait un album si ténébreux ? Cependant c'est avec surprise que naphtaline et Battlefield forment une suite parfaite, une continuité sans défauts. Les analogies toujours sensées du groupe se révèlent là encore une réussite, entrez donc avec moi dans ce champ de bataille apocalyptique... Jules n'a qu'à bien se tenir.



On peut dire tout d'abord que l'ouverture de l'album est une claque : adamantium est une cacophonie superbe de guitares fracassantes et d'une basse omniprésente et inquiétante. Comme a leur habitude ou presque, des sons viennent apporter la touche onirique avec un piano et effets de guitare et une batterie qui semble elle, en même temps que de donner le rythme, donner un message. Inutile de vous dire que quand les cuivres s'y mettent, on comprend que cet album va nous emporter très loin. On voit aussi que le groupe a définitivement enlevé sa touche dub, comme le présageait son dernier album.
Volphoni's revenge, comme son nom l'indique est la suite de l'ouverture de naphtaline, on pourrait presque qualifier ce morceau de post-rock tant les musiciens expérimentent. Allant en crescendo, la musique devient de plus en plus pesante. On assiste même a un délire free-jazz au milieu de la basse ténébreuse.
Aux premieres secondes de Spit on the ashes, on pourrait se dire que l'on retrouve Barb4ry, troisième album, avec les violons caractéristiques. C'est aussi la première chanson de l'album avec des paroles melant la voix des chanteurs masculins et féminins du groupe Narrow Terrence. Fidèle a la nouvelle touche de l'album, la musique ressemble a un mélange de violence et de poésie, toujours dans un délire nouvellement post-rock. On peut noter la fin terriblement mélancolique et envoutante avec des cloches et une guitare caressante.
Vient après Coal Flake, véritable ovni de cet album. Ne faisant que 1:40 minute, ce morceau étonne par son intensité et sa profondeur. Mon premier réflexe fut de me dire que ce morceau méritait quelques minutes de plus pour le laisser se développer, évoluer. On s'aperçoit vite que toute la beauté de ce titre s'explique par le crescendo de la batterie qui semble nous dire que finalement il ne faut pas toujours chercher des réponses. La rupture rapide et insoupçonné forcera l'auditoire a réécouter le morceau pour s'assurer qu'il ne vient pas de rêver.
On enchaine sur The wedding qui donne ici la vedette aux cuivres percutants et a une basse/batterie qui retrouve ici un peu les racines dub.
Le morceau suivant est la deuxième claque de l'album avec break or die. Un morceau electro industriel a souhait, violent et désemparant avec une batterie et une basse qui définissent bien le titre de la chanson.
Le septième morceau, alignement, montre la aussi un souhait du groupe de s'experimenter dans de nouveaux styles. Ce morceau accueil le très apprécie mc Blurum (du moins par moi, on le retrouve notamment avec Dj Vadim et Oneself) qui donc va rapper sur un morceau avec un background très Ez3kiel. Ce morceau pourrait nous faire penser a un Londinium du groupe archive ou encore a du Massive attack.
Lull nous rappelle un peu naphtaline, morceau très léger et envoutant, qui nous prepare parfaitement pour firedamp, bombe de l'album, un délire complètement post-hardcore que le groupe place pour nous remettre dans la réalité. Réveil garanti.
Le morceau qui suit est une reprise personnelle du chef d'œuvre de Sergueï Prokofiev, the montagues and the capulet, renversante.
Pour finir, le groupe de Tours nous donne Wagma, qui s'inscrit encore une fois dans une optique post-rock propre et unique qu'ils ont su développer et maitriser dans cet album.

En conclusion, EZ3kiel nous sort ici un cinquième album studio qui risque de surprendre les premiers fans du groupe qui aimaient leur aspect dub. On ne peut cependant qu'apprécier ces multiples expérimentations de styles qui passent du hardcore au free-jazz, visitant le trip-hop. Et le tout est réussi. Chaque titre a sa place et on sent la maitrise du groupe dans cette recherche d'ouverture musicale forte en rebondissement. On en vient presque a oublier les trois derniers morceaux envoutant au piano de naphtaline. Allez donc les voir en live et achetez donc leur albums qui bénéficient d'un travail graphique hors norme, grâce au bassiste Yann Nguema. En un mot : magique.

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